• Voici mon histoire, celle d'une feuille d'automne...

    J’étais une petite feuille. Comme tous les ans à l’automne, le vent mauvais m’arrachait de ma branche. Dans la cour de l’école, du haut de ma ramure j’étais bien, je voyais  jouer les enfants, je les entendais rire, ils chantaient en faisant la ronde autour de mon arbre. D’autres branchages supportaient mes copines et la brise m’apportait de leurs nouvelles. Un soir d’octobre, le vent souffla si fort que je me mis à tourbillonner dans  l’air frais et doucement je me retrouvai à terre au pied de mon géniteur. D’autres feuilles auprès de moi  s’amoncelaient se tenant chaud. « Reste avec nous. Nous allons demeurer ici, devenir un gros tas et les enfants pourront jouer à cache-cache ».

    Le lendemain matin, le cantonnier, tranquillement, ramassa d’autres feuilles éparpillées dans la cour et nous rassembla. Nous formions un petit monticule aussi haut qu’un bambin. Dès 10h, une ribambelle de petits, criant, chahutant, investirent la cour de récrée. Certains jouaient aux billes quand d’autres s’amusaient  au ballon prisonnier ou à chat perché.

    Le petit Jérémy se tenait près de notre tas de feuilles et commença de compter. Un…deux…trois... et sans se poser de question, se couchât sur  nous et se couvrit le corps de feuilles mortes. Son souffle était lent, il respirait notre parfum et je l’entendis murmurer : « Ici, sont pas prêts de me trouver. ».

    Dans la classe, la maîtresse, ne remarqua pas tout de suite qu’il manquait un élève, mais son œil avisé fut troublé par la place vide laissée par le petit garçon. «  Vous n’avez pas vu Jérémy ? » s’inquiéta-t-elle auprès des chérubins. Pas de réponse. Chacun était occupé soit à lire, ou bien écrire et même à profiter de l’instant pour discuter avec son voisin. Bruno, soudain sortit de son silence. « Mdame, je crois bien que mon copain est sous le tas de feuilles mortes. » « Comment ça ? » « Hé ben ! On… jouait à cache-cache, et je l’ai vu se rouler dans les feuilles. »

    Sans attendre la maîtresse se planta devant le petit monticule. « Jérémy, sors de là, la récréation est finie, mon petit. » Pas de réponse. Elle insista mais sans succès. Alors sans plus attendre elle enleva sans mal les feuilles qui servaient de couverture au petit garçon. Jérémy, était là, paisible, son souffle tranquille rassura la brave institutrice. L’enfant dormait tout simplement tenant dans sa main la plus belle des feuilles. « Réveille-toi mon petit. » La voix douce sortit l’enfant de ses songes. Il se leva, tituba un peu, regarda autour de lui, et se réfugia dans les bras protecteur de sa maîtresse d’école. « Tu sens bon la feuille séchée, allez viens on retourne en classe. Tu garderas en souvenir cette feuille d’automne. ».

    Dans un livre d’école  jauni par les ans, tournant les feuillets sans hâte, le jeune homme découvrit une feuille de platane qui dormait là entre deux pages. Elle paraissait avoir traversé le temps, ses belles couleurs avaient gardé tout le charme qui un jour d’automne avait troublé le bambin. Jérémy tourna délicatement la feuille pour ne pas la froisser, respira son odeur tandis qu’une larme coula sur sa joue. «  Mon Dieu, que tu es belle. » et le jeune homme referma le livre sur son souvenir. De son estrade, il regarda  à travers les carreaux tandis que dans la cour des enfants jouaient à cache-cache près d’un tas de feuilles mortes. « Ainsi va la vie » pensa Jérémy.

    "J'étais une petite feuille de l'automne et je passe mon temps parmi d'autres feuilles, celles du vieux livre de lecture de Jérémy."

     

    Roland Laurent. 

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    Il attendait à la porte de sa maison.

    J'avais envie de le prendre comme une peluche,

    et je l'ai pris en photo.

    A quoi pensait-il ? 

    De son air indifférent

    Il accepta ma présence

    Un peu cabot

    Il posa

    Devant mon objectif.

    Comme tu étais beau.

     

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    Elle a roulé trop longtemps

    Sur des chemins de verdure

    Maintenant elle  se repose 

    Dans un lit de verdure

    Ainsi va la vie

    d'une voiture....

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  • Petite ruelle  sympa. Quelques chaussures ,histoire de suivre le bon chemin....

    Elles ont trouvé le repos après des heures de marche. Même les chaussures ont droit à une retraite digne et bien méritée

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    Un lit de verdure

     

    Ho nature ! J’ai tant dormi dans des draps douillets, sur des canapés, sur des bancs de gare, cherchant en vain  sous mes ciels de lits quelques étoiles, celle  du berger, et bien d’autres planètes imaginaires, oubliant que toi tu m’offrais une couche sous la voûte céleste, sans rien demander en supplément.

    Les réveils du petit matin avaient un goût d’amertume, lorsque à la fenêtre j’osai un regard sur ta contrée verdoyante, aux arômes apaisants. « Oserais-je enfin franchir le pas ? » pensai-je rêveusement. Les jours et les nuits se sont succédés, remettant à demain mon envie d’aventure, et soudainement, comme ça sans avertir, mon désir m’a poussé au dehors, loin de mon lit supposé accueillir mes rêves et peut-être mes deniers soupirs…qui sait, il est dangereux de toujours dormir au même endroit.

    Alors sans tambour ni trompette, mais plutôt avec un bon duvet et quelques provisions, je me suis enfui, cherchant un coin de verdure, là où l’homme peut trouver le vrai repos.  Je devenais le voyageur du soir, l’hôte de la nature.  

    Le grand peintre de l’univers jeta alors ses couleurs que nul au monde ne saurait inventer, un mélange de tons flamboyants. Puis d’un geste sûr, la main de l’artiste changea le bleu du ciel en  noir et accrocha  des clous d’or à la voûte céleste, pour me  guider, voyageur du soir, dans mes errances. Un calme inconnu, envahit à cet instant mon corps et mon âme.

    Devenu ce soir là,  un pèlerin infatigable, enfin je me laissai choir près d’un arbre bordant la forêt, sur un carré de verdure. Déposant avec soin mes oripeaux, préparant presque machinalement la nuit qui m’accueillait dans cette nature, je m’aménageai tranquillement une chambre à coucher sous les étoiles. Puis d’un pas lent, je partis tranquille, à la recherche de brindilles et de quelque bois mort. Les bras chargés de mon précieux fardeau je le déposai alors pas très loin de ma couche rudimentaire,  la nuit promettait d’être  froide et longue.

    Malgré mes doigts gourds, peu habitué au froid, je craquai une allumette d’un geste sûr. La flamme jaillit embrasant les fagots ainsi déposés, et mon corps se réchauffa tant bien que mal auprès d’un feu de bois improvisé.

    Des milliers de petits yeux épiaient mes moindres gestes et c’est à peine si le chuchotement des commères de la forêt me parvenait.  Mais je n’en avais cure, je savais depuis mon enfance  la forêt habitée ; mon père m’avait appris que chacun de nous  à sa place. Je savais que je n’étais pas seul et que ma présence avait déjà fait le tour du quartier boisé. Alors…

    Un loup aussi solitaire que moi, vint s’endormir à quelques pas, méfiant mais sans agressivité, avec respect. Nous nous connaissions, nous nous reconnaissions dans notre solitude. Discrètement, du haut de son perchoir, une chouette semblait veiller sur moi,  allongé près des flammes qui jetaient sur ma peau, leur bienfaisance.

    C’était le repos du errant, l’instant où l’ombre protège ses pensées les plus profondes. Mon regard cherchant dans la voie lactée quelques étoiles encore inconnues, sans même me défendre je laissai la fatigue me surprendre. C’était l’instant crépusculaire et mes yeux se fermèrent malgré moi.

    De temps à autre, réveillé par le froid, je remis du bois sur les braises encore rougeoyantes et je vis à quelques pas de là, mon loup, fièrement comme une sentinelle bienveillante.  Il semblait protéger le sommeil de son hôte.  Puis à nouveau me laissant bercer par le murmure de la brise et le doux chant nocturne de la forêt, mon corps détendu se rendit à Morphée, l’âme paisible. Que pouvais-je bien craindre loin des humains, sur ce morceau  de verdure, que dame nature m’offrait.

    J’avais déserté mon lit,  mais la plus belle de mes nuits, je te la dois ho ! Nature  et qui sait, peut-être reviendrai-je un soir.

     

    Roland

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