• Les lettres

    Le facteur

    Les lettres

     

    I

    L fut des temps, pas si anciens que ça, où les gens communiquaient par le biais de notre bon cher facteur ou vaguemestre. Alors ce furent des pages d'écriture avec la plume ou le stylo, de vraies rédactions pour certains. Je me souviens encore de la joie que j'éprouvais lorsqu'une missive m'était adressée, celle d'une petite amie, d'un copain, ou encore de mes parents prenant de mes nouvelles pendant ma période "patriotique". A son écriture soignée, quelquefois penchée, je reconnaissais l'expéditeur, comme si son visage s’inscrivait en filigrane sur l’enveloppe.

    L

    ettres d’amitié du copain un peu oublié, parce que lui aussi avait quitté les siens, ou parce qu’il était resté au pays, attendant son tour, espérant la fameuse lettre qui le sommerait de partir rejoindre son unité.

    Quelques mots griffonnés à la hâte sur un papier ordinaire, « Salut vieux ! Comment vas-tu ? Comment sont les filles là-bas ? Les samedis sans toi, les virées sans toi, c’est plus comme avant, vivement que tu reviennes. Salut mon pote…à bientôt. » Pas de sentiments ou sans doute étaient–ils cachés par pudeur, derrière les mots d’une franche amitié.

    A

    h ! Lettres d’amour de l’être chéri. Je serrais alors l'enveloppe parfumée, combien précieuse, contre ma poitrine, ou je l'enfouissais au fond d'une poche, attendant l'instant propice, parfois le retardant pour le plaisir de l'attente puis, recherchant un endroit tranquille, fébrilement je l'ouvrais. Je buvais alors les paroles écrites sur du papier bleu, relisant mille fois (j’exagère un peu) les mots d'amour de peur qu'ils ne s'effacent. Enfin, je repliais la lettre déjà un peu usée par mes doigts et mes yeux, et la replaçais délicatement dans son écrin, mais, bien sûr,  je la relisais encore et encore avant la tombée de la nuit.

    C

    'était aussi les nouvelles du village que m'adressait maman, papa n'écrivant pas souvent (une carte pour Noêl) que j'ai gardée dans mes souvenirs indestructibles. Invariablement les lettres de maman commençaient comme ceci : " Mon cher petit Roland.", j'avais à peine 20 ans et cela me faisait sourire. Etre traité de petit à cet âge, vous vous rendez compte ? Elle prenait de mes nouvelles, s’inquiétait de ma santé, de mon moral. Je pouvais lire entre les mots que je lui manquais, que la maison était vide sans moi, que papa parlait souvent de son « Roland », comme s’il était fier qu’il fût soldat. Et invariablement les lettres se terminaient par « Ta maman qui t’aime. » Ah ! Lettres de maman, vous fûtes dans mon isolement, mon soutien, l’écho du pays, le parfum de la famille.

    L

    ettres d'amour, lettres de parents et autres amis, vous étiez le trait d’union entre les hommes mais vous vous fîtes rares, au fil du temps, pour disparaître à jamais dans les nimbes de l'oubli. Aujourd’hui, il m'arrive de relire ces morceaux du passé et comme si c'était hier je retrouve l'atmosphère de l'instant, celui des larmes de peine ou de joies retenues.

    j

    'ai suivi le fil de ma pensée, j'espère que vous aurez eu le courage de me lire. Ce n'est pas une lettre écrite avec une plume, mes doigts ont dansé sur un clavier. Lui aussi a pour rôle aujourd'hui de relier les êtres...différemment. 

     

    Roland

     

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 13 Juillet 2016 à 23:57

    Bonjour  L'ami...

    il est vrai que le clavier remplace bien des  livres, bien des lettres, bien des papiers, mais jamais il ne pourra remplacer l'odeur celle du  Velin , le Vergé, le papier bible ou encore  le simple papier à lettres. Il en est de même pour les livres. J'aime mieux acheter un vrai livre papier que de le lire sur l'ordi.

    bisous tout plein Poète et STP puis je avoir de tes nouvelles?

     

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