• Un lit de verdure

     

    Ho nature ! J’ai tant dormi dans des draps douillets, sur des canapés, sur des bancs de gare, cherchant en vain  sous mes ciels de lits quelques étoiles, celle  du berger, et bien d’autres planètes imaginaires, oubliant que toi tu m’offrais une couche sous la voûte céleste, sans rien demander en supplément.

    Les réveils du petit matin avaient un goût d’amertume, lorsque à la fenêtre j’osai un regard sur ta contrée verdoyante, aux arômes apaisants. « Oserais-je enfin franchir le pas ? » pensai-je rêveusement. Les jours et les nuits se sont succédés, remettant à demain mon envie d’aventure, et soudainement, comme ça sans avertir, mon désir m’a poussé au dehors, loin de mon lit supposé accueillir mes rêves et peut-être mes deniers soupirs…qui sait, il est dangereux de toujours dormir au même endroit.

    Alors sans tambour ni trompette, mais plutôt avec un bon duvet et quelques provisions, je me suis enfui, cherchant un coin de verdure, là où l’homme peut trouver le vrai repos.  Je devenais le voyageur du soir, l’hôte de la nature.  

    Le grand peintre de l’univers jeta alors ses couleurs que nul au monde ne saurait inventer, un mélange de tons flamboyants. Puis d’un geste sûr, la main de l’artiste changea le bleu du ciel en  noir et accrocha  des clous d’or à la voûte céleste, pour me  guider, voyageur du soir, dans mes errances. Un calme inconnu, envahit à cet instant mon corps et mon âme.

    Devenu ce soir là,  un pèlerin infatigable, enfin je me laissai choir près d’un arbre bordant la forêt, sur un carré de verdure. Déposant avec soin mes oripeaux, préparant presque machinalement la nuit qui m’accueillait dans cette nature, je m’aménageai tranquillement une chambre à coucher sous les étoiles. Puis d’un pas lent, je partis tranquille, à la recherche de brindilles et de quelque bois mort. Les bras chargés de mon précieux fardeau je le déposai alors pas très loin de ma couche rudimentaire,  la nuit promettait d’être  froide et longue.

    Malgré mes doigts gourds, peu habitué au froid, je craquai une allumette d’un geste sûr. La flamme jaillit embrasant les fagots ainsi déposés, et mon corps se réchauffa tant bien que mal auprès d’un feu de bois improvisé.

    Des milliers de petits yeux épiaient mes moindres gestes et c’est à peine si le chuchotement des commères de la forêt me parvenait.  Mais je n’en avais cure, je savais depuis mon enfance  la forêt habitée ; mon père m’avait appris que chacun de nous  à sa place. Je savais que je n’étais pas seul et que ma présence avait déjà fait le tour du quartier boisé. Alors…

    Un loup aussi solitaire que moi, vint s’endormir à quelques pas, méfiant mais sans agressivité, avec respect. Nous nous connaissions, nous nous reconnaissions dans notre solitude. Discrètement, du haut de son perchoir, une chouette semblait veiller sur moi,  allongé près des flammes qui jetaient sur ma peau, leur bienfaisance.

    C’était le repos du errant, l’instant où l’ombre protège ses pensées les plus profondes. Mon regard cherchant dans la voie lactée quelques étoiles encore inconnues, sans même me défendre je laissai la fatigue me surprendre. C’était l’instant crépusculaire et mes yeux se fermèrent malgré moi.

    De temps à autre, réveillé par le froid, je remis du bois sur les braises encore rougeoyantes et je vis à quelques pas de là, mon loup, fièrement comme une sentinelle bienveillante.  Il semblait protéger le sommeil de son hôte.  Puis à nouveau me laissant bercer par le murmure de la brise et le doux chant nocturne de la forêt, mon corps détendu se rendit à Morphée, l’âme paisible. Que pouvais-je bien craindre loin des humains, sur ce morceau  de verdure, que dame nature m’offrait.

    J’avais déserté mon lit,  mais la plus belle de mes nuits, je te la dois ho ! Nature  et qui sait, peut-être reviendrai-je un soir.

     

    Roland

    « Le temps n’en fait qu’à sa guise »
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  • Commentaires

    1
    Mardi 23 Juin 2015 à 17:21

    la nature est un beau cadeau

    2
    Mardi 30 Juin 2015 à 10:06

    Cette belle nature dont tu parles si bien, nous est offerte, rien ne peut égaler sa beauté...


    Heureuse de te retrouver sur le chemin de ton blog !

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    3
    Samedi 4 Juillet 2015 à 16:08
    un poètique bonjour Roland une agréable lecture par ici. A+ du troubadour Emmanuel
    4
    Jeudi 23 Juillet 2015 à 11:02

    bonjour    ami     Roland

    La nature?

    Sans elle Nous ne sommes rien

     elle donne tout sans rien demander

    Les hommes ne font que la souillée, la dégradé.

    Un jour, et elle a déjà commencé; elle se révoltera et Leur fera payer leurs méfaits....

    bisous tout plein poète  de la part d'une fée

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